La lune, cercle pâle et lumineux, éclairait le monde de sa douce
clarté. Dans un petit pré, non loin, une jeune fille, rêve, le visage
illuminé par la lumière du ciel étoilé. Une légère brise passe sur son
visage, la rafraîchissant par cette chaude nuit. Elle rêve, assoupie,
bercée par le chant du vent dans les arbres, par le murmure aussi
incessant qu'apaisant du ruisseau qui coule non loin. Elle rêve.
Doucement, lentement, ses souvenirs influent sur ses rêves, les
mélangeant.
Elle ouvre les yeux. Un éblouissante lumière les lui fait aussitôt
refermer. Après s'être habituée à la lumière, elle regarde autour d'elle.
Elle est couchée à même le sol, sous une simple couverture de toile
sale et déchirée. Elle se lève et se voit vêtue d'une courte et fine
robe de tissu beige. Elle tourne la tête de droite à gauche et devine
où elle est. Un camp militaire. Elle s'est réveillée dans une tente
de campement militaire. Elle sort en hâte et regarde autour d'elle.
Tout d'abord, elle ne voit que des tentes, beaucoup de tentes.
Puis elle aperçoit un petit feu, devant elle, où trois hommes
discutent tranquillement. d'un même mouvement, ils se tournent
vers elle et l'un d'eux se lève. il lui sourit en écartant ses bras.
Bien qu'elle ne voit pas son visage, elle sait qui il est, elle sait qu'il
lui sourit. Elle court vers lui et il l'étreint en silence. Papa... Puis
tout se passe très vite. la jeune fille voit les tentes disparaître derrière
les hommes. Les corps de ceux-ci se désagrègent sous ses yeux, et,
avec un horrible impression de déjà-vu, elle voit son père disparaître
lentement entre se bras. Elle se sert contre lui, mais trop tard, il est
partit, et elle sait qu'il souriait encore, toujours. Elle hurle, et se fait
envelopper dans l'obscurité.
Elle se réveille en sursaut, les yeux écarquillés, la bouche sèche.
Elle reste immobile quelques secondes, puis se prends la tête entre
les mains et pleure en silence. Comme un doux refrain, elle répète à
voix basse le nom de son père. Comme elle aimerait qu'il soit là près
d'elle. mais non, peut-être est-il déjà mort, à la guerre. Peut-être ne
le reverra-t-elle jamais. Un petit cri plaintif lui fait relever la tête.
Elle sèche ses larmes en souriant et se tourne vers le perroquet à
son côté.
« Pardon, Ihnal, je ne voulais pas te faire de peine. » lui dit-elle
en caressant ses plumes grises et dorées.
Le crépuscule avait fait place à une aube pâle. Le soleil se levait,
effaçant peu à peu le rose matinal. Elle se tourna pour récupérer
son sac mais suspend son geste. Elle vient de se rendre compte
d'une présence à ses côtés.